”Accepterais-tu de devenir enorme pour un film?” demanda Daniel Sanchez Arevalo à son acteur fetiche, Antonio de la Torre. Ce dernier s’envola pour New-York et en 40 jours prit 15 kilos. Mais cela ne faisait que commencer car pour jouer Enrique, il devait prendre 18 kilos de plus afin d’atteindre 105 kilos.

Après trois ans de preparation, plus de 10 mois de tournage et les applaudissements du Festival de Venise, Gordos arrive en fin sur les ecrans espagnols. Il s’agit d’une comedie racontant cinq histoires tournant toutes autour de l’obesite avec un point commun: un groupe de therapie. Les protagonistes ne se rendent pas à ces seances afin de maigrir mais afin de comprendre pourquoi ils n’aiment pas leur corps. Finalement, le poids et le corps ont peu d’importance. Le plus important est de se confronter à leurs peurs, leurs obsessions, leurs besoins, leurs rêves, leurs fantasmes, leur famille, l’amour, le sexe, leurs erreurs, leur culpabilite…

Comme toujours, dans la vie comme au cinema, ce qui saute aux yeux en premier dans ce film, c’est l’apparence exterieure. Antonio de la Torre ne fut pas le seul à devoir se convertir en De Niro espagnol; les actrices Maria Morales (El sindrome de Ulises) et Veronica Sanchez (Los Serrano) durent realiser un regime hyper-calorique sous contrôle medical afin de prendre 10 kilos. La debutante et “exprofesseur d’auto-ecole” Leticia Herrero eut quant à elle l’obligation de perdre du poids. Elle en est reconnaissante et elle confie que compte tenu de son inexperience, pour elle, le plus dur fut de se deshabiller et de pleurer. D’autres noms du cinema et de la television espagnols figurent au casting comme Roberto Enriquez (La señora ), Raul Arevalo (Los girasoles ciegos ), Pilar Castro (Cuestion de sexo ), Fernando Albizu (Doctor Mateo ), Tete Delgado (Mira quien baila ), Adam Jezierski (Fisica o Quimica ), et une autre debutante, ancienne lyceenne, Marta Martin.

Mais mis à part le titre et le surpoids des acteurs, Gordos n’est pas un film sur les personnes ayant une surcharge ponderale mais sur celles ayant une “surcharge emotionnelle” indique Sanchez Arevalo. “L’obesite dans le film est une metaphore de ce que chaque jour nous devons encaisser et sommes capables de dire. Cela nous fait grossir et la vie devient tellement lourde qu’on explose.” L’excès est le point de depart du realisateur, selon lui, le cinema est plein de conflits.

De fair, même si le ton general du film est comique, Gordos raconte le drame vecu par des personnages se cachant derrière leur physique et se trompant eux-mêmes. “La comedie qui m’interesse le plus est celle contenant une part dramatique solide. Emouvoir les spectateurs dans tous les sens…” dit le realisateur dont le but est de reussir à fusionner totalement les deux genres. Le producteur du film, Jose Antonio Felez definit Sanchez Arevalo comme un “optimiste pessimiste”. “Dani aime tous les pesonnages. Il voit leurs defauts mais il les sauve tous.”