A Alger, les rues grouillent de gamins, joueurs de football mais aussi vendeurs de tout et n´importe quoi. Des cartons s´entassent sur les trottoirs, qui servent de matelas a ces jeunes sans-abri. Ils vivent en marge, sans codes ni reperes, toujours plus nombreux, entasses dans les maternites des hopitaux, regroupes dans des centres, mendiant dans la rue. En suivant les orphelins d´Alger, depuis la decharge jusqu´au grand port aureole de voyages et d´exil, on rencontre pourtant une solidarite. Un rayon de soleil entretenu par une poignee d´hommes et de femmes qui se mobilisent pour aider les ´petites ombres d´Alger´. Le film est le parcours d´un journaliste qui enquete sur l´enfance en difficulte dans les faubourgs d´Alger. Des questions, des doutes et des rencontres qui nous en disent beaucoup sur la societe algerienne.
´Les enfants ont beaucoup change. Depuis quelques annees, ils sont temoins de la violence, parfois embrigades ou meme assassines. Vulnerables, les enfants sont desormais exposes aux convulsions de l´Algerie. Dans la rue, ils sont de plus en plus nombreux a errer. (...) Alger n´est pas un camp de refugies mais la violence est dans tous les esprits. Les gens travaillent. On se croise dans un drole de calme. (...)´ Loin de l´ecole, les enfants n´ont qu´un devoir, celui de rapporter un peu d´argent a la maison. Rien a voir avec mes souvenirs d´enfant, a l´heure de la scolarisation massive, la grande fierte de l´Algerie independante. A l´epoque, on avait meme ramasse les cireurs de chaussures et les petits camelots pour les inscrire a l´ecole. Pour beaucoup de familles aujourd´hui, les crayons coutent trop cher. Alors les enfants parcourent les rues, les marches, a la recherche de quelque chose a gagner. Des enfants sans cartable, c´est un signe, des petites mains dans les ordures aussi. Dans la decharge de Oued Smar, on se fiche bien des analyses du Fonds Monetaire International, des previsions economiques et des rivalites au sein du pouvoir. Il faut trouver chaque jour de quoi manger, c´est tout. Alger veut cacher une misere qui s´installe un peu partout. La ville blanche est aussi un theatre d´ombres ou les plus jeunes ont deja rejoint les aines. Ce sont des femmes avec leurs enfants que je vois le plus souvent dans la rue. La plupart d´entre elles ont decouvert un bout de trottoir en meme temps qu´un bout de papier. Redige par des hommes, l´article 52 du tres controverse Code de la Famille precise qu´en cas de separation du couple, le domicile, s´il est unique, revient a l´epoux. Autant dire que les meres se retrouvent systematiquement a la rue avec leurs enfants. En marge de l´Etat ce sont les associations qui bougent en attendant que le pays les rejoigne. Dans le vide social, elles donnent l´exemple. C´est a suivre.´